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La terre natale refroidit.

L’herbe repousse après les incendies.

Les plaines russes se sont vidées.

On est à l’étroit dans les cimetières.

 

Samara et Tver sont de retour,

Mais à quoi bon? On se le demande bien.

Ce n’est plus du russe que l’on entend

Derrière les bancs du marché…

 

Un fil aussi ancien se serait-il rompu?

La gloire qui nous sauva reviendra-t-elle un jour?

Pardonner, accuser,

Nous n’avons plus ce droit…

 

Le temps a beaucoup emporté dans sa fuite,

Nous sommes toujours assommés par la douleur.

Mais le passé est le passé/le passé est oublié,

Et le champ n’est pas encore labouré.

 

Le grain n’est pas semé,

Et je crains qu’il ne soit trop tard.

Au loin la nuit a des nuages sombres,

Et les étoiles, là-haut, sont ternes

L’herbe ondule,

L’abîme obscur est béant sur nos têtes…

Et sans fin tournoient les corbeaux

Au-dessus du scintillement des coupoles.

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